témoignage d' un soignant

je vais vous raconter l' histoire de madame x;
depuis maintenant 5 ans, nous recevons dans le service ou je travaille,
une femme de 58 ans pour boulimie.
vous allez dire:58 ans?
et oui, il n' y a pas d' age pour les tca.
cette femme, après avoir perdue sa mère, avec qui elle avait une relation fusionnelle,
cette mère q' elle a accompagné jusqu' à son dernier souffle est partie, il y a 10 ans, et depuis....

les premières années,son mari ne c' est rendu compte de rien et puis,
la maladie progressant,la perte de poid ne pouvait plus se cacher,
elle maigrissait à vue d' oeil...
mais elle mange bien, pourtant ! disait il .
elle ne lui expliqua pas sa depression, son problème alimentaire, enfin son desespoir....

et pius, un jours, très inquiet pour sa femme, ce mari,pris madame X par la main et l' obligea à faire un bilan de santé,
elle fut hospitalisé dans mon service.
des tas d' examens furent pratiqués, certe beaucoup de manques au niveau physioloqique fut retrouvés mais c' est tout.
madame x avait toujours bon " appetit ", elle vidait ses plateaux, je dirais meme qu' elle "lechait "ses plateaux repas,
et souvent, nous redemandait meme du pain, des desserts....

elle ne nous a jamais parlé de ses problèmes avec la nourriture.
et puis , un jours,quelque chose eveillat ma curiosité:
- que fait elle de ses grands pots d' eau chaude qu' elle nous reclame après les repas?
- pourquoi veut elle toujours qu' on lui rechauffe ses plats,alors qu'ils sont déjà très chauds?
quelque chose ne tournait pas rond!

dès lors, nous avons compris!
nous avons essayés d' ouvrir le dialogue avec madame x;
medecins, soignants,psychologues, psychiatres mais.....
madame xdisait: non, je ne suis pas malade...
tout doucement, nous avons expliqués à son mari de quoi souffrait sa femme;
mais là aussi:non, elle doit avoir autre chose!
cherchez, elle a peut etre un cancer?
il ne voulait pas voir.

après quelques jours chez nous, elle rentra chez elle ,refusant tout suivit médical ou psychologique et continua sa descente aux enfers.
se suivirent 2,3,4 hospitalisations pour soit disant: fatigue,chute,diahrrée....
pour tout sauf pour le vrai fond du probleme.
toujours ce déni pour madame x, mais son mari, lui , finit par regarder la réalité en face:

ma femme est boulimique !
je me souviendrais toujours de cet homme, qui, ce jours me regarda dans les yeux avec tant de colère et de tristesse;
de ces larmes sur son visage en me disant:
pourquoi, je n' ai pas vus?
pourquoi, je n' ai pas voulus voir?
la prise de conscience c' est faite ce jours pour lui,
mais aujourd' hui encore madame x nie.......

10 ans déjà, 58 ans , pas de volonté de s' en sortir,
ce corp médical qui maintenant baisse aussi les bras,
et oui,j' entend dans mon propre service :
ho, non, elle est encore là!
que va t' on faire d' elle ?
et les psy: de toute facon meme en psychiatrie, ils n' en veulent pas, t a rien à faire,
c' est trop tard, elle est trop vieille!

etant soignant, je souffre aussi de cette impuissance, de ce genre de reflexions de mes propres collègues!
je me dis parfois: ca pourrai etre moi!
et je pense à ce mari, qui seul, l' accompagne;
seul avec la culpabilité qu'il ressent de ne pas avoir vu .

une pensée , pour finir, à tous ces malades que le domaine medical laisse tomber ......

On se sent impuissant car on veut une solution immediate , un remède miracle , un traitement de cheval , une solution de facilité... on est trop habitué à la "petite pillule qui guérit" ; mais dans ces cas la il ný a pas de medicament et le système medical ne s´y investit pas, pas d´interet, pas de bénéfice, pas d´argent à faire...

q

comment pouvoir aider une personne de sa famille qui est ano,mais qui ferme les yeux face a sa maladie????
cela fait 15 ans que ma cousine se fait vomir,ou autre,qu'elle picore,qu'elle absorbe des livres pour maigrir encore plus,alors qu'elle n'a plus que la peau et les os.
j'ai essayé en vain de lui parler en douceur des danger de cette maladie,de lui faire prendre conscience,qu'elle devenait de plus en plus faible,mais pour elle c'est moi qui délire,je sais qu'elle est dans le déni total,alors comment faire pour l'aider????
je lui ai donné l'adresse de tcamania , j'espère de tout coeur,qu'elle pourra lire vos textes,vos projets,vos encouragement,et qu'elle prendra enfin conscience du danger quelle encour si elle continue de nier son état destructeur.......

voilà je voulais simplement mettre ses quelques mots pour dire aussi qu'il n'était pas facile de faire accepté a ses proches qu'ils sont malades,et que nous ferons tout pour les aider,et que tant qu'il n'auront pas admis ce fait,nous ne pourrons malheureusement pas les emmener vers le chemins de la guérisons.

MALO253

C'est très intéressant de pouvoir lire ton témoignage, en tant que soignant.
Merci.