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témoignage : "De moi pour Vous" d'une inconnue

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témoignage : "De moi pour Vous" d'une inconnue Empty témoignage : "De moi pour Vous" d'une inconnue

Message  Invité Jeu 21 Fév 2008 - 23:16

Déjà un grand merci aussi à cette personne qui a voulu me confier son histoire, pour Vous, pour Nous et voulant rester anonyme.
J'en profite dans ce post pour remercier TOUS les participants. Nos réflexions à tous et toutes sont très constructives ! On peut-être tous et toutes fières



"A toutes et tous, vous, oui vous.
Il y a quelques années de celà, 12 pour être exacte, je débutais avec minutie une étude du yaourt nature de la cantine. Les lipides, les calories, le sel et tout ce qui pouvait se trouver dedans. Je me rappelle avoir tourné et retourné ma cuillère dedans. J'avais 12 ans, et j'étais au self. J'avais 12 ans et mes parents avaient décidé de déménager dans une petite ville. 4 ans avant Il avait commencé à abuser de moi. A 12 ans, là dans ce self, j'ai compris qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, que ça n'était pas normal. Alors j'ai voulu disparaitre. C'était le jeu de la longueur, mes parents ne rentraient du travail que très tard, voire pas du tout, très occupés par les travaux de la maison les week-end. Je ne parlais à personne, très solitaire, j'ai chuté, lentement et gardé un poids correct mais déjà fluet pour mon âge. J'ai passé le collège à pleurer tous les matins en y allant, de solitude, de peur de ne pas plaire parce qu'il y avait écrit "ça" sur mon front. Ce "ça", ces abus, personne ne savait, mais moi plus je grandissais et plus je comprenais que j'étais faible, sale, à éviter...
Paradoxalement, mais pas tant que ça, je sortais avec tous les garçons que je rencontrais à l'extérieur, j'avais 12 ans puis 13, jusqu'en troisième. Et ma réputation avait fait le tour, très rapidement de la petite ville de banlieue. J'étais déjà dépressive mais je ne le savais pas, les profs avaient vainement tenté d'alerter mes parents, mais la politique de l'autruche avait une force incommensurable à l'époque. Alors le temps a passé.

En seconde au lycée, à moi la liberté, la nouvelle réputation, comme un nouveau départ, j'ai cru que j'allais pouvoir me refaire des ami(e)s qui me comprendraient. J'aurais pu, mais je dénigrai tellement mon corps que ma tête n'a pas suivi mes résolutions et j'ai continué à sortir avec un tas de garçons. Rebelote. Ma scolarité, parallèlement à ça était plus que correcte, j'avais un avenir brillant devant moi, d'où le peu d'inquiétude de mes parents à mon sujet. De nouveau, ils étaient souvent convoqués au lycée, pour mes mauvaises fréquentations, les rumeurs qui circulaient sur mon compte, et puis... parce que je faisais presque 3 malaises par semaine.
Je ne mangeais pas la semaine, me goinfrais le week-end, comblant le vide de mes parents, celui que nous avions creusé tous les 3. Nous nous sommes vraiment éloignés: ils ne comprenaient pas mon attitude, tellement différente de mes résultats scolaires. Longtemps ce fut la preuve que j'allais bien.

Du collège au lycée, j'avais enfilé ce masque qui se craquellait peu à peu. J'ai redoublé ma terminale tellement j'avais raté de cours et à bout de force du arrêter la danse. Je ne l'ai pas supporté et ai plus que chuté, cet enfer s'est emballé et très vite enchainé: je travaillais tout le temps, toute la journée, et j'avais aussi cessé de coucher avec n'importe qui. Après avoir sali mon corps et tenté de disparaitre, je me suis réfugiée dans l'école qui m'offrait une excuse pour sauter les repas. Mon corps ne pouvait plus intéresser aucun garçon, trop maigre. Et puis un soir de novembre, j'ai fait une énième fugue, celle qui se voulait être La dernière, je voulais finir tout ça. J'avais tout préparé, ma voiture, les cachets pour conduire en ayant avalé trois boites.

Mais ma mère, ma mère m'a sauvé la vie. Elle qui semblait si indifférente à mes problèmes, elle qui n'était jamais là quand il le fallait. Elle est venue me voir ce soir là. Elle m'a regardé longtemps sans rien dire, m'a prise dans ses bras, et j'ai pleuré, je lui ai tout raconté, les abus que j'avais subi de 8 à 15 ans, l'anorexie de la semaine, l'appel de la boulimie le week-end, les garçons avec qui je couchais. Ma tête sur son épaule, j'ai sentie qu'elle pleurait à son tour à mon récit. Nous nous sommes endormie, l'une contre l'autre, après de nombreuses paroles, de nombreuses promesses. Mon père avait toujours été ce père fantôme, comme il est parfois, souvent, décrit dans les livres qui traitent de troubles du comportement alimentaire, il l'est resté. Ma mère que j'avais cru si froide et si distante était tout l'inverse d'un mère possesive, j'avais grandie toute seule, sans personne pour m'aider, m'épauler dans mes peines et ma douleur d'être violée régulièrement.
Dès le lendemain, nous avons pris toutes les deux un rendez-vous chez un psychothérapeute et un autre pour porter plainte. J'ai obtenu mon bac avec mention et je suis entrée en faculté de médecine, les choses rentraient peu à peu dans l'ordre, ma mère me soutenait vraiment bien, comme une mère à laquelle j'avais toujours rêvé, j'ai repris du poids. Mon psychothérapeute nous a indiqué une thérapie familiale à laquelle mon père n'a plus jamais voulu assister après une séance. Mais ma mère et moi, nous ne nous sommes jamais senties abattues. Pour les médecins (mon généraliste, un psychiatre et ma psy), j'étais en rémission, presque guérie. Je suis tombée amoureuse et je m'épanouissais. J'ai eu le concours de médecine et je m'apprêtai à commencer mon stage de deuxième année, quand j'ai reçu une lettre du tribunal, en septembre 2005. La plainte n'avait pas donné de résultats, faute de preuve et l'affaire avait été classée sans suite. Nouveau sursaut de la dépression et l'anorexie a refait son apparition après un long moment de répit.
La dégringolade fut rude, tant pour moi que pour mon entourage, les dommages collatéraux de la maladie ont détruit mes amitiés tissées avec difficulté. Je suis devenue une morte-vivante, dormant toute la journée, usant et abusant les nerfs de ma mère. J'ai rompu avec mon copain, le seul que j'avais réellement aimé.
Au fur et à mesure j'ai de nouveau tout perdu.
Affaiblie et complètement "à l'ouest", j'ai été hospitalisée en clinique de repos avec la condition de ne plus perdre un seul gramme (ou presque). Pour survivre, j'ai du lutter, je refusais tout, je ne voulais pas des anti-dépresseurs, et majeure, je passais mon temps à vouloir signer une décharge de sortie. Mais j'ai tenu. Dans cette maison de repos, je faisais taire cette petite voix insidueuse qui me disait de poursuivre ma lente destruction. Je la faisais taire à coup de psychanalyse intense et de rendez-vous avec les infirmiers du centre. Je la faisais taire aussi à coup de vie: je sortais avec les autres patients, je retrouvais le gout des choses, des sourires. Je réaprenais à manger aussi: avant mon arrivée, je ne prenais qu'un petit déjeuner léger, à ma sortie un an après, je pouvais manger trois repas par jour et 2 collations si j'avais faim. Je suis sortie avec une envie de vivre plus forte que jamais. Et aujourd'hui un an après ma sortie, je peux dire que je me suis sauvée la vie, grâce à eux, à mes infirmières, grâce au psy, grâce à l'art-thérapie, grâce à la psychomotricité, et grâce à moi aussi.

Je me suis sauvée la vie, mais ce n'est hélas pas terminé, je suis toujours suivie à 24 ans par un psy, et plusieurs médecins, mais mon parcours voit un peu plus la lumière. pas tous les jours, mais la métamorphose en papillon progresse petit à petit. Et j'ai espoir..."

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