TCAmania (2main100toi)
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témoignage d'une liberté retrouvée

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Message  agnes7714 Mar 5 Fév 2008 - 13:45

J'ai aujourd'hui 30 ans et je suis complétement guérie depuis 3 ans.
De 19 ans à 27 ans, j'ai fait des crises de boulimie vomitives, allant d'une crise tous les deux jours à plus de 20 crises par jour.
La première a commencé un soir, alors que je me trouvais dans mon tout petit studio d'étudiante.
Mes parents n'avaient pas les moyens de m'aider énormément pour mes études. Je me suis donc trouvée une pièce de 12m2, humide et froide, des plus glauques possibles.
Ce soir là, en proie à une grande solitude et trop fière pour appeller mes amis pour du réconfort, je me suis dis que malgrès mes restrictions financières, j'avais le droit de me faire "un petit plaisir".
Je me suis donc acheté une pizza taille large et une baguette de pain chaud. Rentrée chez moi, et le plaisir du bon goût retrouvé, j'ai tout engloutie en 10 minutes.
Des crampes au ventre sont vite apparues et la seule solution que j'ai trouvé pour mettre fin aux douleurs était de me faire vomir tout mon repas.
Deux doigts au fond de la gorge, le cou qui se gonfle, l'estomac qui se contracte. Je vomi ma douleur, persuadé de la faire disparaître d'un simple coup de chasse d'eau.
Les crampes ont disparues et j'ai trouvé que cette solution était finalement facile et invisible.
Je venais sans m'en rendre compte de m'enfermer dans mon propre piège. Un piège qui peut être mortel. Les quantités de nourriture ingérées ont crues sans cesse. Après tout, je me convainquais que si je pouvais vomir quelques centaines de grammes de nourriture, pourquoi pas quelques kilos...
A ma quatrième année d'étude, je me suis fait convoquée par ma banquière pour le nombre de chèques en bois que je faisais dans les supermarchés.
Je n'avais plus vraiment de critères dans mes choix.
Au tout début, le sucré et le gras, si tentants et si conséquents pour la silhouette.
Puis les ressources financières s'amenuisant, j'ai opté pour des produits moins chers mais en quantité plus importante.
Ce pouvaient être 10 kgs de pommes de terre, 5 kgs de pâtes, 2 kgs de fromage, 4 litres de glace, 5 paquets de biscuits et j'en passe et des pires...

Mon entourage a mis très longtemps à s'en rendre compte. Parce que notre culpabilité et notre souffrance est telle que l'on est capable de mentir et de cacher n'importe quoi. Je faisais en outre beaucoup de théâtre et je pense que mon côté actrice y a joué.
En compagnie de mes proches, je n'ai pas tout de suite eu recours au vomissement.
Je jouais d'abrod le rôle de la jeune fille très au fait de sa santé, soucieuse de son alimentation et de sa ligne. "Je prendrai une salade, mais avec la vinaigettre à part". "Pas trop, merci. Je ne m'active pas beaucoup, je n'ai pas besoin de tant manger".
Voyant qu'ils commençaient à soupçonner un comportement anormal, je me suis remise à manger les mêmes plats qu'eux et à vomir, une fois le repas terminé.
Je me souviens d'une fois où mes vomissements ont bloqué les canalisations des toilettes de mes parents et la tête du plombier qui annonce à ma mère qu'il a trouvé des quantités de nourriture incroyables non mâchées.
Et moi, de rétorquer à ma mère qu'il s'agissait sûrement des fonds de marmites que parfois elle jetait dans les toilettes pour ne pas boûcher son évier....Quelle répartie et quelle imagination débordante...
J'ai pourtant tout de suite réalisé et ce, dès la première crise, que mon comportement était déstructeur.
Mon tort est de toujours avoir voulu m'en sortir par moi même. C'est un tort, parce que j'ai mis beaucoup de temps pour enfin comprendre et que mon corps en a subi les conséquences.
Je me disais: "Tu t'es crée ces problèmes, tu dois t'en sortir et seule".
La première année de crise, je suis quand même allée voir mon généraliste, parce que chemin faisant, je gardais de moins en moins de nourriture dans l'estomac et mon assuidité à la fac s'en ressentait.
Ce médecin m'a prescrit du prozac. Le prozac est un antidépresseur qui a pour double effet de couper l'appétit. Ce médecin était un incompétent. La solution n'est pas de masquer le problème, elle est au contraire de faire face à son propre miroir. La boulimie n'est certainement pas un problème d'appétit, nous le savons pertinement bien.
Par contre, les quantités ahurissantes de nourriture ingurgitée dilatent l'estomac et retardent encore plus les sensations de ballonement.
Puis je décide à 20 ans d'en parler enfin à mes parents. Ils s'en doutaient naturellement mais sans vouloir se l'avouer. Les toilettes immédiatement netooyés après mon passage, ma gorge gonflée, les yeux rouges et larmoyants, la pâleur excessive de mon visage.
Ma mère s'est mise à pleurer et mon père s'est mis en colère en mettant en parrallèle mon gaspillage de nourriture avec les famines que connaissent de trop nombreux pays.
Ma culpabilité s'est accrue ainsi que mon sentiment d'infériorité. Comment pouvais je faire souffrir autant ceux que j'aimais le plus?
La culpabilité et l'infériorité sont deux mots qui reviennent tellement souvent... C'est là que peut commencer le réel travail sur soi. D'où vient cette culpabilité et ce sentiment redondant d'infériorité.
Je n'étais pas seulement une boulimique de bouffe mais une boulimique de beaucoup d'autres choses. Je faisais beaucoup de sport, je lisais beaucoup, j'étais en quelque sorte une hyperactive. Speed...
On entendait alors dans les médias que les personnes souffrant de TCA se suicidaient à petit faux.
Faux, archi faux en ce qui me concernait. Au contraire, "je bouffais la vie", "j'avais faim et soif de contact, de connaissance, d'amour".
J'ai lu de fait des centaines et des centaines d'articles, d'ouvrages, de séminaires sur la boulimie.
De manière générale, les boulimiques se croient inférieures aux autres, plus stupides, plus moches, incapables de réussir quoi que ce soit. Alors qu'en fait, il s'avère que les personnes boulimiques sont au contraire douées. Elles ont des dons qu'elles ne reconnaissent pas. Une qualité d'écoute et de compréhension que peu de gens possèdent. Une sensibilté exacerbée.
Par pour autant guérie mais motivée pour voir et mettre en avant mes compétences, je me suis mise au théâtre, à la sculpture.
Dans mon cas, mes parents ont toujours misé en moi. Sûrement trop.
J'ai le souvenir d'entendre très souvent mes parents dire de moi: "Oh, mais on ne se fait pas de souci pour Agnès, elle est forte, elle va réussir".
Prenant ces disours pour une lourde responsabilité, j'ai toujours voulu, enfant puis adulte, qu'ils soient fiers de moi. J'ai fait un bac scientifique pour prouver à mon père qu'une fille aussi pouvait être matheuse. J'ai fait des études d'histoire, pour accroître ma culture générale et pouvoir avoir assez d'argumentaires lors des discussions. Un besoin d'être écoutée, comprise, respectée.
Mais il a fallu encore quelques années pour enfin accepter d'être seulement un être humain, sensible et émotif, pas si fort que cela, avec aussi le besoin de poser sa tête sur des épaules réconfortantes.
Plusieurs éléments ont contribué petit à petit à ma guérison.
A 26 ans, j'ai consulté un psychanalyste. J'avais auparavant essayé deux psychiatres. Le premier m'avait demandé l'écart entre mon poids le plus bas et mon poids le plus haut et en avait conclu que je n'étais pas boulimique. Je suis parti en claquant la porte.
Le second était bourré de tics et a passé deux scéances à me demander des détails sur ma famille.
"Votre frère, ça va?" "Et votre papa, comment a t-il vécu la déménagement dans votre nouvelle maison".
Abruti. C'est un abruti, voilà ce que je me suis dis.
J'ai eu la chance que mes deux meilleurs amies fassent des études de psychologie. Elles ont été d'une qulité d'écoute et de compréhension incroyables. L'une d'elle m'a toujours conseillé de prendre mon temps pour choisir le bon thérapeute.
Le psychanalyste que j'ai consulté en dernier n'a pas été plus compétent à mon sens mais son comportement m'a permis d'ouvrir une brèche. Et après tout, c'est bien cela le rôle d'un thérapeute.
J'allais le voir une fois par semaine. Un jour, il s'est endormi pendant la scéance. Je me suis levée en furie et rouge de colère je lui ai dis que c'était la dernière fois que je venais le voir, puisque mon cas ne l'interessait pas. Une fois encore, je ne me santais ni écoutée, ni réellement comprise.
Ce moment choc, cette colère sortie m'a appaisée. Quelques semaines plus tard, à mon propre étonnement, je l'ai appellé pour prendre un nouveau RDV. Lors de ce dernier rendez vous, je lui ai expliqué que j'étais furieuse de son comportement. Il m'a alors dit une phrase toute simple: "vous ne supportez pas la prise de pouvoir abusive sur vous".
Cette petite phrase a trouvé tout son sens dans les mois qui ont suivis
J'étais alors depuis quelques mois avec mon nouveau copain. L'homme avec je me suis mariée il y a presque deux ans maintenant.
Mon précédent avait rompu notre relation quelques mois après que je lui avoue mes troubles en me disant qu'il ne se sentait pas de faire face à mes problèmes.
Mon mari est le seul à n'avoir jamais jugé ni mon comportement ni mes crises. Du coup, à chaque fois que je faisais une nouvelle crise, je lui en parlais. Toujours avec honte mais avec l'envie de me libérer de ce poids avec son aide.
Il était triste naturellement, comme on peut l'être quand on voit souffrir la peronne que l'on aime. Mais il se montrait d'une telle douceur et compréhension, que je me donnais chaque nouvelle fois pour défi de diminuer le nombre de crises. J'étais alors fière de lui dire: "Chéri, cette semaine je n'ai fait que trois crises".
Mes crises sont toujours apparues de la même façon. Un moment d'angoisse terrible, une sensation de vide et d'anxiété.
Ce qui me poussait à passer à l'acte, être seule chez moi.
Je suis de nature perfectionniste et du coup très exigeante avec moi même.
Il m'est arrivée de vouloir me "punir" d'être comme j'étais. Mes crises de boulimie s'alternaient alors avec des crises d'anorexie.
Pour éviter de me faire vomir, je m'empêchais de manger et je refusais petit à petit, toute forme de glucides, proteïnes animales, et graisses. Quand je n'étais pas en crise, je ne mangeais plus que légumes et fruits.
Je justifiais mon nouveau régime auprès de mes proches en pretextant un problème de cholosterol...
Ce perfectionnisme, je l'ai d'abord mis à profit dans ma profession. Je suis devenue gouvernante dans des hôtels de luxe.
Puis j'ai réalisé que cette extrême autorité, que j'avais d'abord exercé sur moi, puis sur l'équipe que je dirigeais, ne résolvait pas mes crises d'angoisse.
La boulimie petit à petit s'éloignait, mais le stress, l'insomnie, l'usage de stupéfiants la remplaçait.
Le tabac, l'alcool, les drogues, le café, la boulimie, induisent les mêmes comportements addictifs.
Je pense aujourd'hui que si je n'avais pas été boulimique, j'aurais pu être alcoolique ou camée...
Avec mon mari qui traversait lui aussi une dure période avec un divorce très difficile, nous nous sommes un jour intérrogés sur la nature de nos rêves.
J'ai toujours aimé les voyages, l'étude des comportements humains, l'ethnologie. Sans jamais le mettre à profit, enfermée dans des années d'études qui ne me correspondaient pas, puis menottée par des choix de profession qui là non plus ne me correspondaient pas.
Nous avons décidé un jour avec mon mari de tout plaquer. De partir au bout du monde en s'en fouttant littéralement du qu'en dira t-on.
Je me souviens de ma première véritable respiration, le jour de ma démission.
On a vécu pendant un an, sans beaucoup d'argent, une aventure extraordinaire.
J'ai fait et réalisé ce que j'ai toujours rêvé de faire.
Pour l'épilogue et le petit clin d'oeil, les personnes boulimiques parlent toujours de poids et de peur de voir son corps changer. (d'où le risque de tomber dans l'anoréxie d'ailleurs). Et bien, au bout du monde, j'ai redécouvert ce qu'était que manger à sa faim, jamais plus, jamais moins. Et j'ai retrouvé aujourd'hui le poids que j'avais à 18 ans, tout en remangeant normalement et à ma faim. Je remange de la viande, alors que j'étais devenue végétarienne. Je reprends des graisses en quantité raisonnable.
Je suis aujourd'hui totalement hors de danger mais mon corps garde quelques séquelles. A force de vomissements, mes dents ont commencé à se déchausser et l'émail est bien attaqué. Et j'ai des problèmes de reflux gastriques. Ces remontées acides m'empêchent parfois de dormir...
La boulimie et l'anorexie sont de vraies maladies qu'il ne faut surtout pas négliger. Ce ne sont pas des maladies "d'adolescence", comme on l'entend trop souvent. Ce ne sont pas des problèmes de petites filles qui veulent ressembler aux manequins des magazines.
Arrêtons de vouloir classifier et codifier les êtres humains.
Nous sommes aujourd'hui dans une société très difficile à vivre, où il faut sans cesse prouver que l'on est capable de..., que l'on appartient à..., que l'on possède ceci ou cela.
Une société dictée par l'apparence et le jugement d'autrui.
Une société tribunal.....
Je tiens à vous dire que vous pouvez vraiment vous en sortir mais que vous avez besoin d'aide. Vous portez déjà un lourd poids sur les épaules et il est humain que d'avoir parfois besoin d'aide, d'accompagnement, de soutien, de réconfort.
Il y va de votre vie et de votre propre bonheur....
Une des clés est peut être tout simplement la réalisation de ses rêves...

agnes7714

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témoignage d'une liberté retrouvée Empty BIEN!

Message  ciiara444 Mar 5 Fév 2008 - 15:03

Coucou Agnes!!

MERCI encore d'être venu poster ton témoignage!
Moi ca me booste trop de voir que des gens s'en sont sortis des TCA!

T es une preuve vivante qu'on peut y arriver... ;-)

Bon, moi j'ai confiance de toute façon, je sais que je serais pas boulimique à vie, car je me bat exprès pour m en sortir! tout le monde est au courant ds mon entourage et g mon super psy avec qui je fais une TCC... ;-)

Merci ma belle!
Gros becs

ciiara444

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Message  Lilyflowers Dim 9 Mar 2008 - 23:36

Votre témoignage me touche beaucoup.
J'espère moi aussi pouvoir m'en sortir
car cela fait déjà 8 ans bientot que
je suis boulimique non vomitive. Puis
je viens d'apprendre il y a moins d'un mois
que je suis hypothyroïdienne, du coup je
grossi, et ce depuis un bon moment ... Mon
corps est en danger mais je ne sais plus quoi
faire ...

Lilyflowers
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