l enfant plume

anorexie :recit d une douleur
resumé:15 ans,31kg.Elle ne veut plus manger.Elle est devenue anorexique.Il y a mille façons de faire du mal ceux qui vous aiment,et elle a choisi la meilleure.Cible privilégiée d uen revolte adolescente,témoin impuissant de ce lent,mais inexorable renoncement,sa mére tire de cette aventure un magnifique chef d oeuvre de tendresse;de comprehension et d amour.

edition:j ai lu
parution:1997
auteur:Janine Teisson
type:recit

je viens de terminer de lire ce petit livre, je vous le conseille
très joliment écrit
il s’agit d’une autobiographie d’une maman qui se réveille à elle-même et aux autres grâce à l’anorexie de fille.
Analyse très fine de son parcours, de sa relation avec ses propres parents, de son « éducation », de son propre état d’esprit et comportement d’avant/pendant la maladie.
Une belle remise en cause, je pense fructueuse.
Retrace onze-douze ans de cette aventure finalement constructive pour elles.

J’avais souligné des passages dans l’intention de vous les recopier tellement ils m’ont plu, mais vu la quantité, je n’en recopie qu’une petite partie, pour vous donner envie de lire … bonne lecture

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« Je peux dire merci à mes parents. Ils n’ont pas seulement été mes tuteurs , ils m’ont enfoncé le tuteur dans le corps. Raide je suis , raide je "resterai toujours un peu. raide de peur . De peur des autres qui s’amollissent. Peur de me répandre à mon tour, d’écouter mon corps. Ce maudits corps. Peur qu’avec la détente affleurent l’incohérence, la paresse, l’indécision, la superficialité, la tentation. Peur d’être jugée par les autres . D’être jugée faible. D ‘être jugée femme .
Il n’y avait que les « mères-tape-dur » qui valaient. Les femmes brutes, les déménageuses. Les autres étaient du saindoux, des mottes de beurres qui fondent, des pleureuses…. »
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« J’ai marché dix as sur un chemin parallèle à celui de ma fille . Dix ans de recherche de moi-même. Ma lenteur m’étonne . tan de temps pour mesurer combien je me méconnaissais, pour retirer un à un les oripeaux de la conformité …. Quel temps il m’a fallu pour me dégager d’une éducation où la parole n’était pas vraie, où ce qui faisait souffrir était porté au pinacle et le plaisir tu, méprisé. Où l’on admirait ceux qui se mutilaient, se niaient en sacrifices et devoirs. Un monde où l’impulsion, l’émotion, l’élan devaient être mort-nés. Cela ne se dit pas ! Cela ne se fait pas ! On fait ce que l’on doit , surtout pas ce que l’on aime ! On est comme il faut ! comme il faut ? Muet , immobile et inexpressif… »
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« Souvent j’ai pensé « je n’étais pas faite pour avoir des enfants ? …pour quoi avoir alourdi ma vie des leurs, » Mais à présent je mesure ce qu’ils m’ont donné, et me donnent encore… cette nécessité qu’ils m’ont faite de me définir… d’être moi-même, de me nettoyer des scories originelles.. Ils m’ont offert la légèreté de l’essentiel »
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« Je les aimais fougueusement . De loin. De près je perdais mes moyens . J’étais souvent maladroite. Pas habile dans les démonstrations de tendresse. raide. Je ne savais pas les toucher. je ne les laissais pas me toucher. Je m’efforçait d’être une mère comme il faut . Et d’autres fois j’étais lointaine sans me forcer. Je ne supportais pas qu’ils m’approchent. »
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« Et puis un jour j’ai commencé à plaisanter. « Tu crois que tu vas manger une cuillère entière de pâtes ? Ce n’est pas trop ? » Elle est interdite. Elle sourit… »
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« ...cet énorme plat de bois rempli de journaux au milieu de la pièce...Je l'ai cogné du pied... et me voici par terre sans un cri...Abasourdie, outrée. Je ne tombe presque jamais. Personne ne le saura. mais surtout honte, révolté, peur soudaine d'être à la merci du hasard, de n'importe quelle embuche... et soudain quelque chose en moi, comme un baudruche qu'on aurait griffé en passant, se dégonfle en douceur . Mais qui suis-je pour avoir décidé que je ne tomberai jamais ? Quelle raideur, quel orgueil , quel refus me mènent ....
Adulte j'ai réduit ma vie à force de prudence.... Cette chute est-elle le prologue d'un envol?
Avec cet incident, un pan de ma rigidité s’écroule. Je viens de découvrir la peur de l’échec qui me paralysait. Ma peur , corseté d’orgueil. A qui bon avoir peur de tomber ? Tomber et si peu de chose. Me voici tout à coup fière d’être tombée et décidée à tomber souvent. J’ai mesuré le peu d’amplitude que me laissait ma peur de vivre. Je n’ai pas encore débusqué tous les mensonges sous lesquels je la travestissais, mais je me relève avec un entrain nouveau, comme si, dans ma chute , j’avais ramassé une arme pour lutter contre l’étrécissement de la vie de ma fille .»
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