Nous mourrons tous...

Mimicracra Jeu 14 Fév 2008 - 20:34

Nous mourrons tous et nous n'emporterons rien avec nous.

Ainsi tout ce qu'au cours de la vie, on peut réussir à s'approprier, ne servira à rien, par la suite. Seul le corps nous suit dans notre mort. Il me semble légitime de vouloir le parfaire avant de finir sous le tombeau.
Je ne peux me résoudre à ce que mon cercueil soit trop lourd. M'imaginer, grosse, écrasée contre les parois froides de la boite m'est insupportable.
Puisque nous mourrons sans rien emporter avec nous, nous pouvons considérer ainsi qu'il serait de même si nous n'étions entourés que de blanc, que de vide.
J'ai particulièrement peur du vide. C'est une phobie assez handicapante. J'ignore si elle est la cause de mes ~~troubles alimentaires~~ ou si ce sont eux la cause de cette phobie.
Je suis terrifiée par le vide... Mais pas tout le temps, seulement de temps en temps.. Ce n'est finalement peut être pas une vraie phobie.
J'en ai une peur bleue, mais je l'apprivoise. J'en fais mon ami. J'alimente le vide à l'intérieur de moi lors de mes périodes restrictives, je suis folle de ça.
J'imagine mon corps comme une simple enveloppe de verre qui recouvrirait du vide.
Pourtant je déteste le vide. Je le comble sans cesse en ingurgitant des quantités effrayantes de nourriture.

"Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion." (Le Petit Prince)

Je suis un serpent boa.

C'est encore un paradoxe troublant. Alimenter le vide par l'absence de nourriture, combler le vide par l'abus de nourriture. Etre, enfin, pour reprendre l'expression de Luciaena, « avide du vide ».

Il m'est insupportable de rester dans une pièce dont la porte est ouverte. Pour la simple et irrationnelle raison que j'ai besoin de fixer les limites à la pièce, besoin de savoir exactement quelles en sont les extrémités. Encore une histoire de contrôle. Il me faut la possibilité de contrôle, l'illusion de contrôle sur chaque chose.

Pourtant je devrais être habituée, à raison d'une crise quotidienne minimum par jour, à ne rien contrôler. Mais je ne peux m'y résoudre.
Je n'ai jamais les pieds sur les pédales, du moins que très rarement. Il suffit d'un gramme de nourriture en trop lors d'une intervalle ~~anorexique~~ pour que le navire chavire et que les voiles se retrouvent sous l'eau. Un gramme de nourriture pour que dans ma tête les reproches contre moi-même se bousculent, mettant fin à l'ordre et la précision instaurés grâce à l'anorexie. Et l'angoisse. Puis la crise.

En somme, je suis la poupée de porcelaine sur le bord de la table. Le bout de tissus dans l'herbe au milieu d'une tornade. Le mouton malade au bord de la falaise.

Mimi'